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Valeur des résidences limitrophes à un golf : «L’impact n’est plus aussi énorme qu’avant»

le mercredi 11 septembre 2019
Modifié à 11 h 13 min le 11 septembre 2019
Par Audrey Leduc-Brodeur

aleduc-brodeur@gravitemedia.com

Les résidents limitrophes au Club de golf Candiac ont souvent exprimé la crainte que la valeur de leur propriété diminue en cas de fermeture du golf. Pourtant, ils ne devraient pas trop s’inquiéter, rassure Unsal Ozdilek, professeur à l’École des sciences de la gestion de l’UQÀM et expert en évaluation immobilière interrogé par Le Reflet. Est-ce que les résidences limitrophes au golf diminueront de valeur lorsque le golf fermera ? Il est vrai que la présence d’un golf dans le quartier a un impact positif sur la valeur d’une résidence. De combien? C’est difficile à dire parce que c’est différent d’une ville à l’autre. Plusieurs études ont été réalisées sur le sujet et la littérature établit ce pourcentage à environ 8 ou 9% de plus. Ce n’est plus l’engouement d’il y a 30 ans, lorsque les promoteurs se servaient de cet attribut pour attirer des résidents. Au fil du temps, d’autres facteurs sont devenus importants comme l’accès rapide à un pont, le voisinage, etc. Si c’est une usine ou un hôpital qui fermait, l’impact sur la valeur de la localisation pourrait être plus importante que celle du golf. Ce n’est pas un secret que la pratique du golf est moins populaire. Dans ce cas, pourquoi est-ce qu’un club à proximité ajoute de la valeur à une propriété ? Est-ce que les gens achètent une résidence à proximité d’un golf pour y jouer? Non. Ils l’achètent parce qu’il y a un espace vert derrière leur cours. Les citoyens fuient la ville pour trouver la nature. À l’époque, il y avait également le facteur prestige lié au golf qui était recherché, puisque ça signifiait aussi un effet de rareté. Est-ce que le concept de développement mixte du promoteur pourrait être avantageux pour les résidents inquiets ? L’enjeu est de savoir par quoi sera remplacé le golf. Le mot d’ordre est: contrebalancer. Il est possible que certaines des nouvelles installations permettent de combler le 8% manquant ou même d’augmenter la valeur. La Ville doit se questionner à savoir pourquoi les gens s’installent dans ce quartier. La vue et l’accès à la nature demeurent des attributs pour les résidents. S’ils ne voient que du béton, ce ne sera plus intéressant, même si la richesse foncière de la Ville augmente.
«Je ne pense pas que les citoyens doivent s’inquiéter parce que l’effet de prestige peut être trouvé ailleurs.» -Unsal Ozdilek
Gains globaux vs pertes individuelles Professeur à l’École d’urbanisme et d’architecture du paysage de l’Université de Montréal, Jean-Philippe Meloche abonde dans le même sens que Unsal Ozdilek. L’impact sera positif ou négatif selon ce qui sera construit à cet endroit. «Néanmoins, l’effet d’un golf sur le quartier n’a pas une très longue portée. Seule la première rangée de maisons limitrophes en ressent l’impact», ajoute-il. M. Meloche est lui aussi d’avis que les résidents ont plutôt peur de perdre la tranquillité et l’espace vert que le golf en lui-même. «La vue ajoute effectivement de la valeur, mais c’est difficile à quantifier», mentionne-t-il. Selon l’expert, la question que la Ville devra se poser est de savoir «si les gains globaux du nouveau développement en valent la peine comparativement à la perte de tranquillité des résidents limitrophes au golf».