Opinion

L'impuissance

le mercredi 16 décembre 2015
Modifié à 0 h 00 min le 16 décembre 2015
Par Hélène Gingras

hgingras@gravitemedia.com

Le billet du 16 décembre 2015 d'Hélène Gingras.

Vous arrive-t-il de vous sentir impuissant?

Chère V,

Je voudrais pouvoir prendre un peu de ta peine. Sinon toute sur mes épaules. Parce que je sais ce que tu traverses. Cet inconfort d'être assise entre deux chaises. De dépendre de la décision de l'autre. Personnellement, ça me tuait à petit feu. Plutôt que de savoir à quoi m'en tenir. Pour pouvoir agir au lieu de subir.

Je comprends que tu aies l'impression que le sol vient de s'ouvrir en-dessous de tes pieds. Un trou géant. Béant. Dont tu ne soupçonnais pas l'existence. Et que tu aies peur que plus rien ne soit jamais pareil. Comme tu l'as rêvé. Comme tu l'as planifié. Ce pourquoi tu travailles aussi fort depuis des années.

Tu as le cœur en mille miettes. Et plus rien n'a de sens pour toi. Et tu as parfaitement raison. C'est normal. Tu réclames les bras de ton amoureux pour te consoler. Pour qu'il te dise que tout va bien aller. Comme avant. Alors qu'il est l'objet de ta peine et de ta douleur...

Je sais, ça ne veut pas dire grand-chose pour toi en ce moment. Mais sache que les miens sont là. Grands ouverts. Je te rends la pareille. Comme toi autrefois.

Je ne suis peut-être qu'une éternelle optimiste, mais je persiste à croire qu’il y a toujours de l’espoir. Que le point de non-retour n'existe pas. Que chaque personne peut décider de prendre un chemin différent. Et de revenir à la rencontre de l'Autre. Et qu'il ne sert à rien d'envisager les scénarios les plus sombres. Sans savoir ce qui arrivera. Qu'il vaut mieux marcher pas à pas pour l'instant. Prendre une respiration après l'autre.

Je voudrais tellement faire ta peine mienne. Parce que je sais que tu ne veux pas vivre ça. Parce que je me souviens comment ça peut devenir douloureux. Comment on a envie d'hiberner tout un hiver, un an ou une vie, le temps que ça devienne supportable. Un peu. Et que le goût du gâteau nous revienne un peu. En même temps que notre  humeur.

J'ai l'impression de ne pas trouver les bons mots. De ne pas savoir quoi dire. Mais, on le sait toute les deux, mon oreille est toute tendue. À toute heure du jour. Selon tes besoins. La distance ne sera jamais un obstacle à notre amitié.