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Sursis pour la démolition d'une maison centenaire

le lundi 31 août 2015
Modifié à 0 h 00 min le 31 août 2015
Par Hélène Gingras

hgingras@gravitemedia.com

Le conseil municipal de Saint-Constant a renversé la recommandation de la démolition d’une maison centenaire sur la rue Saint-Pierre. La Ville veut plutôt se doter d’une vision de conservation du patrimoine et analyser au préalable les besoins de stationnement dans ce secteur.

Le comité de démolition à Saint-Constant avait donné son aval à sa destruction, mais le conseil municipal a refusé de l’entériner. Réunis en séance extraordinaire le 24 août, le maire et les conseillers l’ont rejetée à l’unanimité. Ils envisagent plutôt un moratoire sur la démolition des bâtiments anciens.

«La propriété […] se trouve dans un secteur que nous voulons dynamiser, a dit le maire Jean-Claude Boyer. Ce dossier a donc été analysé en tenant compte des orientations stratégiques municipales en matière de revitalisation et de déplacement actif.»

Pour le maire, il est grand temps que la municipalité se dote d’une vision du patrimoine à long terme, considérant qu’elle est l’une des plus anciennes paroisses de la région.

«La conservation du patrimoine ne faisait pas partie de notre culture. On commence maintenant, a-t-il ajouté. La mise en place d’une structure de gestion du patrimoine signifie certes un changement dans les habitudes des résidents, des gens d’affaires et des décideurs municipaux, mais je suis convaincu qu’elle nous amènera collectivement à nous poser les bonnes questions pour garder bien vivant l’esprit du noyau villageois.»   

Par ailleurs, une étude des besoins de stationnement est en cours, ce qui permettra d’enrichir la réflexion des élus sur l’offre commerciale et résidentielle sur la rue Saint-Pierre.

Déception chez les autres

«Je suis déçu, a admis Robert Poissant, propriétaire d’un salon funéraire du même nom, lorsque contacté par Le Reflet. Je suis aussi déçu pour la propriétaire qui est en attente depuis février et qui a perdu des locataires potentiels.»

M. Poissant avait déposé une offre d’achat de la maison du 183-187, rue Saint-Pierre convertie en triplex afin d’en faire un stationnement pour accommoder ses clients. Il évaluait son investissement à 400 000$. Il s’engageait à en faire profiter d’autres automobilistes en dehors des funérailles.

L’agent immobilier chargé de la vente de la maison, Dominic Caron, a aussi fait part de sa déception.

«C’est décevant un peu parce que la Ville s’enlignait dans le sens de la démolition et que ç’a viré de bord à la dernière seconde», a-t-il dit.

M. Caron a confirmé que sa cliente avait perdu des locataires «beaucoup de temps de vente» en attendant que la Ville prenne une décision. L’offre d’achat du salon funéraire déposée cet hiver était conditionnelle à la démolition.

«La maison est toujours à vendre parce que M. Poissant ne peut pas prendre le risque de l’acheter s’il ne peut pas la démolir et construire son stationnement», a ajouté M. Caron.

Patrimoniale?

La Société d’histoire et de patrimoine de Lignery s’objectait à la démolition de cette demeure centenaire, tout comme trois autres associations. Elles alléguaient la valeur patrimoniale du bâtiment, en dépit du fait qu’il a été converti en triplex. Selon elles, il serait toujours possible de rénover la maison pour lui redonner ses lettres de noblesse. L’agent immobilier est d’un tout autre avis.