Opinion

Aide médicale à mourir : une approche déficiente

le mercredi 04 mars 2020
Modifié à 13 h 56 min le 04 mars 2020
La ministre de la Santé et des Services sociaux, madame Danielle McCann, a été sage en décidant «d'écouter la population» au sujet de l’accès à l’aide médicale à mourir (AMM) pour les personnes atteintes de troubles mentaux. Une large consultation a plutôt été proposée. On aura beau le formuler en "AMM", il s'agit de suicide assisté médicalement. Or, la première semaine de février est consacrée à la prévention du suicide. Alors que des groupes de prévention du suicide et des endeuillés par suicide font des démarches ambitieuses depuis un long moment pour exiger des changements de pratiques dans ce milieu et, tout dernièrement, qu'une enquête spéciale sur les pratiques en santé mentale soit tenue, que propose le gouvernement ? Une large consultation à propos de l'AMM pour les personnes ayant une maladie mentale. C'est aberrant. Malgré le recul, cette idée de faire une large consultation à propos de cette AMM plutôt que d'instituer une enquête publique sur les pratiques en santé mentale démontre ce que je perçois comme un amateurisme profond et une écoute déficiente de la part du gouvernement auprès des gens compétents en la matière. J'espérais que le Premier ministre s'implique personnellement pour répondre à notre demande au lieu de s'en remettre aux démarches, ou à l'absence de démarches adéquates, ayant cours. Il ne l'a pas fait et cela est très décevant. La population a besoin de prévenir les suicides alors que le gouvernement veut consulter en rapport avec une proposition pour occasionner plus de morts par suicide. La contradiction n'est-elle pas frappante ? Pour un gouvernement qui se dit à l'écoute, il y a tout un changement d'approche à faire. Il y a déjà plus de 1000 suicides par année au Québec, probablement 1400 ou 1500 parce qu'il a été démontré que les données sont mal comptabilisées. J'avoue mon indignation et mon découragement. Il n'est cependant pas trop tard pour changer de cap. Ce n'est pas d'une consultation pour ajouter à cette hécatombe dont nous avons besoin, mais d'une commission d'enquête spéciale sur nos pratiques en santé mentale et un virage tel qu'il a été fait dans certains pays et avec un très grand succès. C'est le souhait profond que je formule. Daniel Dion, Saint-Constant