Sports

Une judoka de La Prairie devient arbitre internationale

le mercredi 28 mars 2018
Modifié à 9 h 29 min le 28 mars 2018
Par Audrey Leduc-Brodeur

aleduc-brodeur@gravitemedia.com

À 23 ans, Lorie Bélanger a décidé de faire une croix sur sa carrière de judoka, pour mieux se concentrer sur ses études. Mais toujours amoureuse de son sport, elle s’est tournée vers l’arbitrage, une décision qui, huit ans plus tard, la stimule plus que la pratique du judo.     La résidente de La Prairie s’est initiée au judo à l’âge de 7 ans, puis a arbitré ses premiers tournois à 14 ans. «Je suis originaire du lac Saint-Jean et j’ai commencé à m’impliquer dans l’arbitrage de compétitions dans ma région, raconte-t-elle. Mon entraîneur de l’époque a vu un potentiel en moi et m’a convaincu d’obtenir mes grades pour des niveaux supérieurs.» À la fois arbitre et athlète de niveau provincial, la jeune femme ne pouvait donc pas enfiler son judogi le matin et son veston d’officiel le soir lors du même tournoi. «Aujourd’hui, c’est possible de le faire», précise-t-elle. Consciente de l’investissement total que demande une carrière internationale de judoka, Lorie Bélanger a préféré se tourner vers ses études, alors qu’elle performait au niveau national. «J’ai toujours adoré l’aspect compétitif du judo et je tenais à garder un pied là-dedans. J’ai fait le choix de rester dans la compétition, mais par l’arbitrage», dit-elle. En novembre 2017, la jeune femme de 31 ans a obtenu le grade continental, qui lui permet désormais d’arbitrer des compétitions internationales. «Il ne me manque que le grade ultime, le IJF International, pour que je puisse arbitrer des Grands prix, des Championnats du monde et des Jeux olympiques, explique-t-elle, la tête déjà tournée vers cette prochaine étape. C’est ce que je vise, car c’est mon rêve d’aller aux Jeux olympiques.» Pour y parvenir, la judoka ceinture noire devra obtenir son 3e dan. Elle continue de pratiquer le judo au club de Saint-Hubert, mais pas de façon compétitive. Pression Les arbitres au judo doivent suivre le décorum obligatoire à leur sport, notamment en portant un complet veston et cravate. «Il y un arbitre central, deux juges assis à la table et un chef de tapis qui a un pouvoir décisionnel. Nous devons maîtriser la gestuelle, les déplacements… et au aussi un peu le Japonais pour utiliser les bons termes!» précise en riant Lorie Bélanger. Comme c’est le cas dans tous les sports arbitrés, les décisions sont scrutées à la loupe. La pression peut-elle être difficile à gérer? «Les règlements au judo sont bien faits afin que nous n’ayons pas toute la pression du résultat sur les épaules, répond la jeune femme. Mais c’est sûr qu’un combat bien arbitré fera toute la différence parce qu’une punition de plus ou de moins peut faire gagner un athlète.» Conciliation arbitrage – famille Mère d’un garçon de 18 mois et à deux semaines d’accoucher d’un deuxième enfant, la Laprairienne réussit à concilier famille-travail-sport. «C’est sûr que l’arbitrage demande de se libérer plusieurs jours ou semaines, mais j’ai la chance d’avoir un conjoint qui m’aide beaucoup parce qu’il sait que je veux me dépasser dans mon sport», mentionne-t-elle. La jeune femme essaie ainsi de maintenir un rythme de compétition élevé. «Je participe à deux compétitions par mois, mais je pourrais facilement arbitrer toutes les fins de semaine tellement le calendrier est extrêmement chargé, explique-t-elle. J’essaie aussi d’aller aux États-Unis au moins une fois par année.» En 2017, la judoka a voyagé en Belgique à ses frais pour arbitrer une compétition internationale pendant une semaine. «Mon fils n’avait que quelques mois», raconte-t-elle. «Mais je continue l’arbitrage parce que le judo est un sport riche qui m’a tellement apporté, poursuit-elle. J’avais essayé différents sports avant. Le judo m’a donné le sentiment d’être estimée et compétente. J’en garde aujourd’hui la discipline, le respect et les belles valeurs transmises dans les arts martiaux.» Une arbitre d’influence Lorie Bélanger a reçu une nomination au Gala Femmes d’influence en sport et activité physique, qui se tiendra le 10 mai. Cet événement souligne la contribution des femmes dans le monde du sport ou de l’activité physique en reconnaissant leur implication et leurs réalisations à l’échelle régionale, provinciale, nationale et internationale. La Laprairienne a été choisie dans la catégorie national-international aux côtés de l’entraîneure de patinage artistique Marie-France Dubreuil et l’arbitre au basketball Maripier Malo. «Je suis vraiment très flattée que Judo Canada ait pensé à soumettre ma candidature, affirme la jeune femme. Je ne pensais pas que je pouvais avoir une influence aussi importante pour les femmes dans le sport.»
«Je pense qu’un arbitre qui a déjà été athlète de haut niveau a un instinct plus fort sur le tapis. Tu as déjà vécu ce qui se passe devant toi.» -Lorie Bélanger, arbitre au judo