Actualités

Un Noël sans cadeaux par choix

le mercredi 21 décembre 2016
Modifié à 0 h 00 min le 21 décembre 2016

Cette année, à Noël, il n’y aura sans doute pas de cadeaux emballés sous le sapin pour la petite Marie-Lys Bélisle. Pas que la fillette de La Prairie n’a pas été sage durant l’année. C’est plutôt parce qu’elle et ses parents ont choisi la simplicité volontaire. Les cadeaux emballés feront place à des sorties en famille.

Le traditionnel amas de cadeaux sans fin ne cadre pas avec leurs valeurs familiales. La mère de Marie-Lys, Marianne Picard, est professeure au primaire. Des cadeaux de remerciement de la part des parents, elle en recevait plus d’une cinquantaine par année. Elle et son conjoint, Pascal Bélisle, ont adopté un mode de vie écoresponsable et soucieux de l’environnement. Ils ne s’offrent pas de cadeaux, car ils achètent ce dont ils ont besoin au moment nécessaire.

«J’ai décidé d’écrire un courriel aux parents dans lequel je leur disais que leur reconnaissance pouvait se manifester autrement que par un présent», explique-t-elle.   

L’enseignante d’éthique et culture religieuse poursuivait sa lettre en mentionnant que les cadeaux étaient une grande source de déchets en raison de leur production, de leur emballage et de leur transport. Pour elle, ne pas en recevoir serait en soi un présent.

«La réponse a été très bonne, assure-t-elle. Plutôt que d’en recevoir une cinquantaine, j’en ai reçu de cinq à dix. C’était de la nourriture maison, des bouteilles de vin sans emballage, une sacoche fabriquée localement emballée dans un devoir de mathématiques d’un élève. J’étais super contente!»

Mme Picard a fait le même exercice auprès de sa famille élargie. Au départ, l’idée a plus ou moins bien passé.

«Ça fait plusieurs années qu’on demande de ne pas recevoir de cadeaux, mais on se bute à des réactions du genre: «Ça fait nous tellement plaisir!» «Vous ne pouvez pas nous demander ça, on fait ça pour Marie-Lys!» On leur dit qu’ils peuvent faire autre chose pour Marie-Lys, mais c’est dur de changer les traditions», soutient-elle.

«Je dois leur dire moi-même. Ça passe mieux si c’est moi qui le dis», ajoute la fillette en question.

Les parents proposent plutôt aux membres de la famille de faire des sorties ou des activités avec leur fille.

«Ce n’est pas de dire aux membres de la famille de ne plus donner de cadeaux parce que ça les rend tristes quand ils entendent ça», affirme Mme Picard.

Cet été, Marie-Lys a passé le week-end à Québec avec ses grands-parents. Elle a également reçu un pyjama cousu à la main par un membre de sa famille.

«Ces moments ensemble, c’est ce qu’il y a de plus précieux, affirme M. Bélisle. Ça crée des liens, ça fait de beaux souvenirs. Il n’y a pas de matériel à jeter après. C’est écologique. Ce n’est que du positif.»

Âgée de 7 ans, Marie-Lys voit les choses de la même manière.

«Je vais quand même avoir des cadeaux, ce sera des activités ou des choses dont j’ai besoin! Si je reçois un jouet dont je n’ai pas besoin ou que je n’aime pas, ça ne sert à rien selon moi», soutient-elle. 

Fêter Noël autrement

La remise de cadeaux étant rayée de la soirée du réveillon de Noël, la famille se concentrera sur d’autres surprises. Chaque invité apportera notamment un plat à partager sous le thème des découvertes culinaires.

«On va jouer dehors tous ensemble. On profite de l’extérieur et, ensuite, on prend un chocolat chaud et un verre de vin autour du feu. On est toujours occupé avec nos vies de fou, alors on en profite pour jaser», expliquent les parents.

Les Picard-Bélisle n’ont toutefois pas complètement évacué les traditions de Noël. Si la dinde n’est plus au menu depuis plusieurs années, un petit sapin illuminé orne la table du salon. De plus, la plupart des décorations ont été faites à la main, soit par Marie-Lys ou par des élèves de Mme Picard.  

«C’est rassurant de revivre certains moments, mais, nous, on se crée d’autres genres de moments. C’est chaleureux d’être tous ensemble. On ne rompt pas totalement avec les traditions de Noël», mentionne M. Bélisle.  

Une belle ouverture

La famille Bélisle ne sait pas si son message du Noël sans cadeaux sera totalement écouté cette année. Elle dit avoir senti une plus grande ouverture face à sa demande depuis que le geste de Marie-Lys qui nettoie les rues de La Prairie a été souligné par le maire et Le Reflet, en octobre.

«Nous sommes les plus vieux des frères et sœurs, alors nous servons de défricheurs pour le reste de la famille. Ça va peut-être plus les faire réfléchir, espèrent-ils. Si on donne l’exemple, tant mieux! On le fait pour nous et pour l’environnement.»