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Une médecin spécialiste relève le Défi têtes rasées pour ses patients

le mardi 13 avril 2021
Modifié à 11 h 53 min le 15 avril 2021
Par Vicky Girard

vgirard@gravitemedia.com

Sophie Mottard, chirurgienne orthopédiste-oncologue spécialisée dans le traitement du sarcome, une forme de cancer qui se présente sous forme de tumeurs musculosquelettiques, au Québec, a récemment relevé le Défi têtes rasées. Arborant ce qu’elle appelle avec humour «sa tête de kiwi», Dre Mottard raconte ce qui l’a poussée à poser ce geste symbolique. «C’est moins pire que je pensais!» lance-t-elle avec joie au sujet de son nouveau look qui lui attire plusieurs compliments. Certains la comparent à la chanteuse Annie Lennox, dit-elle fièrement en rigolant. Le 28 mars, la femme a dit aurevoir à sa chevelure bouclée. Elle avait accepté, cinq semaines plus tôt, de participer au Défi têtes rasées dans le groupe Les Audacieuses. Dre Mottard a dit oui d’abord pour ses patients, «ses ados», comme elle se plaît à dire. C’est d’ailleurs une patiente, Gabrielle, présentement en traitement de chimiothérapie, qui l’a rasée. «Elle a capoté. En même temps, c’était super émouvant. Elle s’est mise à sangloter après, surtout quand elle a su combien nous avions amassé. Sa mère a aussi pleuré», partage la résidente de Saint-Lambert.
«Je l’ai fait pour mes patients, pas seulement parce que c’est ma job, mais parce que ça me touche.» -Dre Sophie Mottard
Les Audacieuses ont largement dépassé leur objectif de 200 000$. À la fin du mois de mars, le montant record de 360 000$ a été annoncé. «Ça continue d’augmenter. Les gens continuent à donner. On est à plus de 370 000$ maintenant. Ça m’impressionne», faisait savoir Dre Mottard le 2 avril qui, à elle seule, a cumulé plus de 36 000$. Cri du cœur «Depuis deux ans, on a beaucoup de patients d’âge pédiatrique qui sont décédés ou qui ont développé des métastases et vont perdre la vie. On trouve cela difficile à l’hôpital. On a perdu des gens à qui on était vraiment attachés», confie celle qui travaille à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont et au CHU Sainte-Justine. Dre Mottard se souvient entre autres de Dania, une patiente de 19 ans à qui elle avait annoncé sa participation au Défi têtes rasées. Celle-ci est décédée le 28 décembre. «J’avais un peu une écoeurantite aiguë quand on m’a proposé le Défi, reconnaît Dre Mottard. Ça fait des années que je construis le réseau sarcome Québec et que j’essaie de mettre sur pied la chaire de recherches en sarcome. Il y a plein de choses que j’essaie de faire parce que je suis tannée de voir des patients mourir. Je voulais lancer un cri du cœur symbolique et dirigé en le faisant.» Celle qui a participé à l’émission De garde 24/7 a travaillé sur une capsule explicative du sarcome. En se rasant les cheveux, la chirurgienne tenait à lancer le message que «chaque don pour un fonds de recherche ou pour Leucan va directement aux patients. Derrière chaque tête rasée, il y a une histoire. Moi, j’en ai des dizaines et des dizaines. La campagne est arrivée à point». Sa fille de 13 ans lui a également donné la poussée dans le dos dont elle avait besoin pour se lancer. «Elle m’a rappelé que je dis toujours qu’il faut poser des actions. Elle m’a dit que si je ne le faisais pas, je n’étais pas sa mère», relate Dre Mottard. Rencontres marquantes Le groupe Les Audacieuses, composée de 10 femmes recrutées par Leucan et marrainées par Marie-Mai, qui a participé au Défi têtes rasées en 2021, a été une belle découverte pour la chirurgienne. «Elles sont incroyables! C’est la première fois que je rencontre un groupe de femmes qui sont toutes aussi drôles. Nous sommes toutes des femmes dans la quarantaine ou cinquantaine qui n’ont rien à prouver à personne», souligne-t-elle. Elle Québec  Dre Mottard paraîtra dans l’édition de mai du magazine Elle Québec. L’expérience de la séance photo en a été une mémorable pour la chirurgienne. «Moi, dans la vie, je ne me maquille jamais. Je suis toujours en chandail de Batman. C’était hilarant de se prêter au jeu», raconte-t-elle. Pour chacune des membres du groupe Les Audacieuses, l’équipe du magazine est allée chercher une atmosphère différente, partage Mme Mottard. Elle ajoute que ce moment a permis à certaines des femmes de se rencontrer en personne plutôt que virtuellement.