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COVID-19

Marqué par son expérience en CHSLD

le lundi 01 juin 2020
Modifié à 8 h 10 min le 01 juin 2020
Par Hélène Gingras

hgingras@gravitemedia.com

Pierre Gaumond considère que son travail de près d’un mois dans un CHSLD chaud de Montréal l’a changé à jamais. Il ne regrette pas un seul instant son expérience «extraordinaire», même si elle a été ponctuée de quelques événements sombres. «Je vais en rester marqué et ça fera de moi un meilleur intervenant dans le futur», analyse le résident de Sainte-Catherine dont Le Reflet a récemment raconté le parcours engagé. Alors que la COVID-19 a bousculé ses plans de vacances, le contrôleur aérien de 52 ans n’a pas hésité à suivre une courte formation à se faire engager pour travailler dans le réseau de la santé, afin d’apporter sa contribution. Sauf exception, il a côtoyé parmi les préposés aux bénéficiaires «des gens au grand cœur», dit-il. M. Gaumond s’inquiète de la santé mentale de ces employés, de la détresse psychologique ou du choc post-traumatique dont ils pourraient souffrir, en plus de la fatigue physique à long terme, «parce qu’on n’arrêtera pas de porter des masques de sitôt dans les CHSLD» et qu’une deuxième vague pourrait survenir. Lui-même a dû recourir aux services psychologiques de son employeur après avoir aidé un préposé à laver une bénéficiaire à la débarbouillette, contre son gré. Celle-ci ne voulait pas que cette tâche soit effectuée par deux hommes. Elle se débattait et hurlait. Le préposé de 20 ans d’expérience l’a contenue physiquement pendant que M. Gaumond a obéi aux ordres. «J’étais incroyablement mal à l'aise, confie-t-il. J'ai obtempéré tout en ayant l'impression de commettre une agression sexuelle.» Il dit également été témoin à quelques occasions de maltraitance à l’endroit de personnes vulnérables ayant des capacités cognitives réduites. Par exemple, un bénéficiaire n’a pas été lavé après que le préposé eut changé sa culotte d’incontinence souillée. M. Gaumond raconte aussi s’être retrouvé seul à plusieurs occasions à prendre soin de bénéficiaires qui n’ont plus de capacité cognitive, espérant avoir «pris soin de la personne devant moi du mieux que j'ai pu». Dénonciation à la ministre de la Santé M. Gaumond n’a pas hésité à écrire à la ministre de la Santé et députée de Sanguinet, Danielle McCann, pour faire part de ses observations et aberrations. En voici quelques-unes: Il n’y a aucune supervision du personnel parce que le coordonnateur est débordé.
  • M. Gaumond n’a jamais eu à signer de registre en arrivant au travail.
  • Les préposés travaillent auprès de bénéficiaires dont ils ne connaissent pas les besoins.
  • Des infirmières se déplacent de zones rouges à jaunes sur le même quart de travail, au lieu de l’inverse.
  • Certains employés ne respectent pas les consignes du port de l’équipement de protection (masque, visière, lavage des mains).
  • Les proches aidants n’ont pas à revêtir de sarrau, tandis que les employés ont de la difficulté à en trouver un à leur taille.
  • Les salles d’habillage et de déshabillage pour le personnel sont inadaptées et les employés ne sont pas rémunérés pendant cette tâche cruciale, la bâclant parfois.
  • Les mesures d’hygiène et de désinfection varient d’un CHSLD à un autre.
 

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