Ancienne briqueterie : aucuns travaux dans les milieux humides, selon des rapports
Le propriétaire du terrain de l’ancienne briqueterie à La Prairie, Luc Poirier, reconnaît la présence de milieux humides sur le site, mais affirme qu’ils n’ont pas été touchés par les travaux. Le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC) appuie cette affirmation, contrairement au Projet carrière vivante. À LIRE AUSSI: Ancienne briqueterie : début du processus à la Cour supérieure Travaux sur le site de l'ancienne briqueterie : un juge tranchera La Prairie dévoile les détails de sa démarche de participation publique Le Reflet a mis la main sur le rapport d’études biologiques réalisé par Jonathan Roy et la firme LCL Environnement sur l’ensemble du site de l’ancienne briqueterie à La Prairie, en juin 2019, ainsi que sur celui du MELCC, réalisé le 22 octobre. Le site de l’ancienne briqueterie est divisé en trois sections, soit la carrière et deux plateaux, un au nord et un au sud. Selon le rapport d’études biologiques, qui a été commandé par le propriétaire du terrain, trois milieux humides se trouvent sur le site. Ceux-ci sont toutefois situés sur le plateau sud, et non dans la carrière. «Le promoteur n’a pas l’intention d’intervenir dans ces milieux, assure la porte-parole de M. Poirier, Marie Beaubien, dans une mise au point envoyée aux médias le 12 décembre. Même mieux, il souhaite les conserver et les protéger.» Même son de cloche du côté du MELCC, qui s’est rendu sur le site après qu’un signalement eut été effectué par un citoyen afin de dénoncer du remblai dans un milieu humide. Dans la conclusion de son rapport d’inspection, il indique qu’«aucun manquement n’a été constaté sur le site en ce qui concerne le remblai d’un milieu humide, car il n’y a pas de milieu humide dans le secteur visé par le remblayage». Dans le cas où Acti-Cité souhaiterait intervenir dans les trois milieux humides situés sur le plateau sud, un certificat d’autorisation serait nécessaire en vertu de l’article 22 de la loi sur la qualité de l’environnement. «Bassin d’eau artificiel» Selon les deux rapports, il n’y a aucun cours d’eau sur le site. Le MELCC révèle seulement la présence d’eau de surface. Jonathan Roy et LCL Environnement, qui se sont basés sur les balises utilisées par le MELCC pour établir cette conclusion, présentent quant à eux l’étendue d’eau comme étant un «bassin d’eau artificiel». «Puisque ce bassin se retrouve à l’extérieur d’une rive ou d’un littoral de tous cours d’eau ou de lac et se situe à l’extérieur de tous milieux humides et, puisque cet ouvrage n’est plus utilisé depuis moins de 10 ans (fermeture de la carrière en août 2017), les travaux prévus ne sont pas assujettis à l’obtention d’un certificat d’autorisation en vertu de l’article 22 de la Loi sur la Qualité de l’environnement (LQE)6», précise par ailleurs Mme Beaubien. Des biologistes se prononcent Les fondateurs du regroupement citoyen Projet carrière vivante, les biologistes Andrée Gendron et Alain Branchaud, affirment toutefois qu’il y avait «bel et bien un milieu humide temporaire» dans la partie excavée de la carrière. Des photos qu’ils ont prises sur place le 25 août le prouvent. Toutefois, à leur retour au même endroit le 23 octobre, le secteur était remblayé et le propriétaire avait placé une affiche «propriété privée». «Lorsque les employés du ministère se sont déplacés (à notre demande), le milieu humide en question était déjà en grande partie recouvert de remblai, rendant le diagnostic plutôt difficile», déplorent Mme Gendron et M. Branchaud, invités à commenter la situation. [caption id="attachment_78562" align="alignright" width="236"] Une photo prise par le regroupement Projet Carrière vivante le 25 août.[/caption] «Au début de l’été, on y retrouvait des tétards (stade larvaire) de crapaud, preuve que ceux-ci s’y étaient reproduits», donnent-ils entre autres en exemple. Quant au plan d’eau, les biologistes sont d’accord sur le fait qu’il n’y a pas de rivières ou de ruisseaux dans la carrière, mais «le ministère y a cartographié un milieu hydrique qu’il reconnaît comme habitat potentiel pour le poisson. Nous y avons d’ailleurs observé la présence de poissons depuis 2003», mentionnent-ils. «L’exploitant de la carrière contrôlait le niveau du plan d’eau par pompage; en plus de pomper l’eau, le nouveau propriétaire a aussi creusé des tranchées pour assécher davantage le secteur à remblayer», dénoncent-ils. [caption id="attachment_78563" align="alignright" width="232"] Photo prise par le regroupement Projet Carrière vivante dans le même secteur, le 23 octobre.[/caption] Environnement Canada s’est également rendu sur le site le 9 octobre. Selon Marie Beaubien, celui-ci n’a aperçu aucun poisson sur le site. Le Reflet a fait une demande d’accès à l’information à Environnement Canada il y a quelques semaines, mais attend toujours de recevoir le rapport. Et les espèces vivantes? Dans son rapport, le MELCC mentionne qu’«une petite talle de phragmites australis subsp. Australis, une espèce exotique envahissante facultative de milieux humides, est présente au coin nord-est du site». Selon les vérifications, «la présence d’un ponceau et d’un fossé expliquent sa présence». Il ne s’agit donc pas d’un milieu humide. Quant à Jonathan Roy et LCL Environnement, ils formulent certaines recommandations concernant la faune, dont celle de réaliser un inventaire de la rainette faux-grillon advenant le cas où des interventions devraient être réalisées dans cette zone. «Ce secteur est situé à l’extérieur de la zone visée par les travaux de remblayage et est localisé à environ six mètres au-dessus du fond actuel de l’ancienne carrière. Ce secteur n’est pas accessible par les équipes de travail ni par la machinerie actuellement en place sur le site», souligne Marie Beaubien. Toujours dans le même rapport, on indique la présence sur le site de quatre types de formations végétales terrestres. «Aucune espèce floristique à statut précaire» n’a toutefois été observée, écrit-on en conclusion.