Opinion

Billet d'humeur : le testament

le mercredi 18 avril 2018
Modifié à 10 h 54 min le 18 avril 2018
Par Hélène Gingras

helene_gingras@gravitemedia.com

Y a-t-il des sujets tabous pour vous? ’ai passé une partie du week-end à faire du rangement dans ma paperasse. Dans mon petit meuble gris. Pour faire de la place. Et de l’ordre. C’est fou ce qu’on accumule au fil des ans. Et qui n’a aucune valeur au bout d’un moment. Comme des vieux relevés d’emploi ou de placements. Des factures. Un ancien contrat d’assurance. Une transaction de véhicule. Bref, j’ai passé un long moment à faire le tri des papiers que j’allais garder. Puis glisser le reste dans la déchiqueteuse. Je suis en phase ménage et réorganisation parce que j’ai prévu faire mon testament prochainement. Ça fait trop longtemps que je néglige ce document. Alors que je vieillis. Que j’accumule des avoirs. Que je veux choisir aussi qui sera mon liquidateur/trice. Que j’ai certains souhaits que j’aimerais voir respectés après ma mort. Et que ma conseillère à l’épargne me rappelle ma négligence à chaque rencontre… Je sais aussi que les histoires d’horreur impliquant des gens sans testament ou sans mandat d’inaptitude sont nombreuses. Et que je n’ai pas envie de m’inscrire dans cette lignée. De causer du souci ou des conflits après ma mort. Par ma propre négligence.
«Le testament du mort est le miroir de sa vie.» -Proverbe polonais
Je fais tout ça très froidement. Rationnellement même. Sachant que ça ne me fera pas mourir. Même si ça va me faire un trou dans le portefeuille au moment de payer la facture! J’ai aussi rempli un document qui comprend l’inventaire de mes biens. À propos de mon assureur personnel. De mon prêt hypothécaire. De mon compte en banque. Par exemple, les numéros de comptes. Qui contacter. Au moment de dire à un proche que j’avais rempli un tel document, c’est devenu plus difficile. La discussion a à peine duré quelques instants. De part et d’autre, on voulait passer à autre chose. Ça m’a rappelé la fois où j’étais arrêtée chez mes parents. Un vendredi soir. Et qu’ils m’avaient raconté qu’ils venaient de faire leurs préarrangements funéraires. Qu’ils avaient choisi leur urne. La couleur. Le dessin. Me détaillant le tout avec le sourire parce qu’ils étaient contents de leurs décisions. J’avais encaissé difficilement. Essayant de paraître légère. Cependant, j’avais pleuré en rentrant chez moi. Parce qu’ils avaient abordé inévitablement leur finalité. La charge émotive était trop grande.