Sports

Elle parcourt 375 km en 18 jours

le mercredi 07 octobre 2015
Modifié à 0 h 00 min le 07 octobre 2015
Par David Penven

dpenven@gravitemedia.com

Marcher de l’oratoire Saint-Joseph jusqu’à Sainte-Anne-de-Beaupré, c’est ce qu’a accompli Nathalie Monière. Il s’agit d’un parcours de plus de 375 km réalisé en 18 jours. Un exploit lorsqu’on sait qu’elle est atteinte de la sclérose en plaques (SP).

La Constantine de 48 ans, a effectué cette randonnée organisée par l’organisme Les chemins des sanctuaires l’été.

«Mon chum m’a demandé si j’étais sûr. Je lui ai dit que j’étais capable même si j’avais la chienne de ne pas me rendre jusqu’au bout. J’avais aussi la crainte de ne pas être en mesure de me lever en raison de ma maladie», explique-t-elle.

Munie de ses bâtons de marche afin de conserver son équilibre (un des effets de la SP) et d’un sac à dos pesant dans les 7 kg (15 lb), elle a marché quotidiennement entre 6h et 8h du 18 juin au 5 juillet.

«Nous étions quatre dans mon groupe, toutes des femmes. Chaque journée est constituée d’une étape où nous devions nous rendre. Nous pouvions dormir dans des presbytères ou des centres communautaires», poursuit Mme Monière.

Durant la marche, elle s’efforçait de suivre le rythme du groupe, mais a décidé de s'écouter en adoptant sa propre cadence.

«J’ai marché un pas à la fois, droit en avant. Une fois, je me suis retournée pour voir ce que j’avais parcouru et je ne me suis pas sentie bien (moralement) en faisant cela», affirme-t-elle. 

Sauf une journée de pluie abondante, dame Nature a collaboré au succès de ce «pèlerinage».

Découragement

Si tout s’est bien déroulé pour la marcheuse, elle a néanmoins connu un moment de découragement intense quatre jours avant d’atteindre Sainte-Anne-de-Beaupré.

«Il faisait chaud cette journée-là et il y avait en plus une côte à monter. Le soir, nous nous sommes couchées dans un hôtel. Allongée sur le lit, je me suis mise à brailler sans arrêt. Mes engourdissements ressortaient. C’est un des effets de la SP. C’est comme si on me frottait la peau avec du papier sablé. Celles qui m’accompagnaient se demandaient ce qui se passait. Elles m'ont encouragée à continuer», poursuit-elle.

Se ressaisissant, Nathalie Monière a décidé de continuer tout en se promettant de pousser un cri de victoire en levant ses bâtons au ciel à son arrivée. Ce qu’elle a fait rendu à la basilique!

Croyante, la Constantine a eu l’impression durant son trajet que quelqu’un l’a accompagnée.

«Je n’ai pas fait cette marche toute seule, confie-t-elle. Il y a quelque chose qui m’a aidée, m’a poussée à aller plus loin.»

Depuis qu’elle a relevé ce défi, Nathalie Monière se sent d’attaque pour d’autres projets malgré la maladie.

Vivre avec la sclérose en plaques

C’est à l’âge de 23 ans que les symptômes de la SP se sont manifestés chez Nathalie Monière. Des engourdissements au visage, la perte de la dextérité fine et de l’équilibre ont sonné l’alarme.

«J’ai consulté mon médecin et j’ai passé plein de tests. Il a fallu cinq ans avant qu’on trouve ce que j’avais. Avoir la SP à 28 ans quand tes amis sont à l’université ou travaillent, tu n’arrives plus à suivre leur rythme. Tu es isolée. T’annoncer que tu as une maladie à 75 ou 80 ans, c’est normal, mais à 28 ans, c’est autre chose», déclare-t-elle.

Depuis, elle doit composer avec les aléas de la maladie et ses séquelles terribles.

«À 32 ans, j’ai perdu l’usage de mon œil droit. Je me suis réveillée un matin et je me demandais ce qui se passait. Une plaque s’est logée derrière mon œil. Sur une échelle de 10, il fonctionne à un. C’est comme si je regarde à travers un mica givré posé sur une fenêtre», témoigne-t-elle.

À cela s’est ajouté des paralysies temporaires et un épisode de l’inflammation du nerf occipital (ou nerf d’Arnold).

«Cela faisait tellement mal. Tu te tiens au mur et tu cries après ton chum tellement la douleur est intense. Tu as mal à la tête au point de vouloir l’arracher. J’ai passé deux semaines à l’hôpital. Les antidouleurs n’étaient jamais assez puissants. La plupart des médecins pensent qu’il s’agit d’une conséquence de la SP», déclare Mme Monière.

100 000

C’est le nombre de Canadiens atteints de sclérose en plaques. Bien que la SP soit le plus souvent diagnostiquée chez les jeunes adultes de 15 à 40 ans, elle peut aussi se manifester chez les enfants ainsi que chez des adultes d’âge mûr. La SP est imprévisible. Elle peut affecter la vue, l’ouïe, la mémoire, l’équilibre et la mobilité. (Source: Société canadienne de la sclérose en plaques)