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En rémission d'un cancer, Jérimy Daniel a gagné la course la plus difficile de sa vie

le vendredi 15 novembre 2019
Modifié à 13 h 53 min le 15 novembre 2019
Par Audrey Leduc-Brodeur

aleduc-brodeur@gravitemedia.com

Le pilote de course automobile Jérimy Daniel a l’habitude de relever les défis les plus périlleux sur la piste. Au cours de la dernière année, le résident de Saint-Philippe a néanmoins fait face à la plus grande épreuve de sa vie, alors qu’il a reçu le diagnostic du lymphome d’Hodgkin, une forme de cancer du système lymphatique. De nature positive, l’athlète de 26 ans a accepté le diagnostic avec l’optimisme dont il a toujours fait preuve au quotidien, même si le choc a été dur à encaisser. «J’ai préféré voir ça comme un autre défi à surmonter», fait-il remarquer. Le jeune homme s’est rendu compte que quelque chose clochait lorsqu’une bosse de la grosseur d’une balle de golf est apparue sous sa clavicule. «Je n’avais aucun autre symptôme, précise-t-il. Après un mois, deux mois, je voyais que ça ne partait pas. Les tests ont permis de déterminer ce que j’avais.» Drôle de coïncidence; Jérimy Daniel a reçu la nouvelle le même jour que lorsqu’un autre athlète de haut niveau, le planchiste Maxence Parrot, a annoncé être atteint du lymphome d’Hodgkin. «Les médecins ne sont pas en mesure de trouver la cause exacte de ce type de cancer», explique-t-il. Après une série de traitements de chimiothérapie qui ont duré six mois, le résident de Saint-Philippe est fier de dire qu’il est aujourd’hui en rémission. «J’aime la vie en ce moment! Je veux en profiter encore plus!» s’exclame-t-il. Retourner sur la piste Fébrile à l’idée de replonger dans ses premières amours, Jérimy Daniel est retourné derrière le volant d’un bolide de course pour la première fois depuis le diagnostic à la fin du mois d’octobre, lors d’une épreuve d’endurance à Spa-Francorchamps en Belgique. Cette course est l’une des étapes au calendrier du circuit 24H Series. «J’étais excité, mais anxieux de ne pas retrouver mon niveau. J’avais peur d’être inférieur à ce que j’ai déjà été auparavant et de ne plus pouvoir performer», confie-t-il. Finalement, ses craintes n’étaient pas fondées, puisqu’il a été le pilote le plus rapide de son équipe. Un problème mécanique a toutefois anéanti leurs chances de monter sur le podium. «Nous étions cinq pilotes et nous nous sommes relayés après une, deux ou trois heures. Ça faisait 12 heures que nous étions en piste quand le souci est survenu. Nous sommes restés au garage pendant une heure pour faire des réparations, mais le même problème est revenu une fois de retour en piste», explique-t-il. Même si son passage en Belgique s’est terminé en queue de poisson, Jérimy Daniel a suffisamment apprécié son expérience pour retenter le coup, cette fois au Texas, du 15 au 17 novembre. «Le 24H Series est un championnat mondial très professionnel. Je ne me considérais pas nécessairement comme un pilote professionnel, mais je me suis rendu compte que j’ai le niveau pour performer au sein de ce circuit», explique-t-il. L’engouement autour de ces courses d’endurance ne se dément pas. Chaque épreuve au calendrier est diffusée en direct sur Internet. Une caméra est également installée dans le véhicule pour permettre aux internautes de suivre leurs pilotes favoris de plus près. «Mon père est aussi passionné de course automobile. Il me suit presque partout depuis que je suis dans le milieu. La diffusion en ligne permet aussi à mes proches de voir mes courses», fait-il remarquer. Coûts similaires En 2020, le résident de Saint-Philippe aimerait piloter à temps plein au sein du circuit 24H Series. Il a évalué que les coûts liés sa participation à ce championnat sont équivalents aux frais qu’il déboursait pour piloter dans le Canadian Touring Car Championship les dernières années, puisqu’ils sont divisés par tous les pilotes de l’écurie. «Et ça me permet de courser sur des pistes utilisées par la Formule 1 comme à Barcelone ou à Abu Dhabi», se réjouit-il. Conduire, dormir, conduire Jérimy Daniel baigne dans la course automobile depuis son enfance. Habitué aux épreuves de vitesse qui dépassent rarement les 40 minutes, il a dû s’adapter rapidement au nouveau style qu’il pratique. «Je pilote pour préserver la voiture afin qu’elle soit performante pendant 24 heures. J’adore ça parce que l’endurance demande autre chose. C’est très axé sur le travail d’équipe. Si la stratégie d’arrêt aux puits ou de changement de pilote n’est pas parfaite, nous allons perdre du temps», précise-t-il. Entre deux relais, le pilote tente de se reposer quelques heures avant de retourner de plus belle sur la piste. «Tu sors de l’auto, tu prends une douche, tu fais une sieste, tu te prépares et tu rembarques dans l’auto, relate le Candiacois. C’est difficile de dormir parce que tu veux suivre la performance de ton coéquipier.» À Spa-Francorchamps, il n’a réussi à fermer l’œil que durant trois heures. «Si tu n’es pas prêt physiquement, tu vas perdre ta concentration pendant la course. Tu vas sentir la douleur et ça va te déranger. Ce n’est pas tout le monde qui est capable de rester concentré pendant trois heures consécutives à faire le même trajet», fait-il valoir.
«Quand je suis retourné au gym pour la première fois après les traitements, j’ai retrouvé mes sensations. Le corps a de la mémoire.» -Jérimy Daniel
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