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VIDÉO - Ancien golf : La Prairie ordonne l'arrêt des travaux, le propriétaire se défend

le lundi 26 septembre 2022
Modifié à 16 h 30 min le 26 septembre 2022
Par Audrey Leduc-Brodeur

aleduc-brodeur@gravitemedia.com

Aperçu des travaux le mercredi 21 septembre. (Photo gracieuseté)

La Ville de La Prairie a sommé à deux reprises le consortium La-Prairie-sur-le-parc inc., propriétaire de l'ancien golf, d'interrompre ses travaux d'abattage d'arbres qui se déroulent depuis presque deux semaines. Or, des citoyens font savoir que le chantier se poursuit en ce lundi 26 septembre, malgré l'ordonnance de la Municipalité. 

 

Par voie de communiqué envoyé la semaine dernière, la Ville a indiqué qu'elle avait fait parvenir au propriétaire un premier avis de non conformité le mardi 20 septembre, puisque ce dernier aurait coupé plus d'arbres que permis. Puis, le vendredi 23 septembre, un huissier lui a remis un constat d'infraction, ainsi qu'un avis de révocation du certificat l'autorisant à procéder à l'abattage d'arbres et au nivellement du sol.

«Jusqu'à ce que le propriétaire dépose une nouvelle demande de certificat d'autorisation en bonne et due forme», les travaux ne sont plus autorisés, avait alors affirmé la Municipalité.

«Si les travaux devaient se poursuivre illégalement, la Ville prendra toutes les mesures nécessaires afin de faire respecter la réglementation municipale en vigueur», avait-elle ajouté.

Le Reflet n'a pas eu de retour depuis la semaine dernière de la Ville quant aux autorisations spécifiques accordées au consortium. Le ministère de l'Environnement n'a pas non plus répondu à la demande du Journal, malgré un accusé de réception de courriel. Ce dernier a donné l'aval aux travaux l'an dernier. 

Dans un avis émis sur son site Web le 16 septembre, La Prairie précisait que six bassins d'eau aménagés sur l'ancien golf devaient être comblés par le nivellement du sol et qu'environ 200 arbres, dont une majorité de frênes, devaient être abattus. 

Le propriétaire se défend

Le consortium La Prairie-sur-le-parc est formé des promoteurs Habitations Jasmont Deschênes, Luc Poirier et Groupe Boda. D'après le Registraire des entreprises, Stéphane Gariépy en est le principal dirigeant. Contacté par le Journal, M. Gariépy a affirmé ne pas pouvoir commenter le dossier, puisque la cause est devant les tribunaux. Il a plutôt fait parvenir au Reflet une lettre adressée à la Ville datée du 26 septembre, dans laquelle le propriétaire soutient qu'il respecte les modalités du certificat émis par la Municipalité et qu'il s'assurera que tous ses sous-traitants feront de même.

À propos du communiqué de presse de la Ville partagé la semaine dernière, le consortium estime qu'il est composé de «déclarations mensongères et diffamatoires». 

«En aucun cas, nous avons présenté des documents erronés, fait une fausse déclaration ou fait une fausse représentation dans le cadre de notre demande de permis et de certificats», est-il écrit.

Le propriétaire affirme que la Ville n'a pas le pouvoir de révoquer un certificat d'autorisation, d'où son intention de poursuivre les travaux. De plus, il souhaite les compléter le plus rapidement possible avant l'arrivée de l'hiver pour rétablir le drainage du terrain, précise-t-il. 

Finalement, La-Prairie-sur-le-parc assure qu'une «très grande proportion» des arbres abattus sont des frênes malades.

Colère des citoyens

Depuis plus d'une semaine, des résidents du secteur dénoncent la coupe d'arbres matures, alors que les consultations publiques des dernières années avaient laissé entendre qu'un couvert forestier important serait préservé. Près d'une dizaine de citoyens de la rue François-Leber, dont la cour donnent directement sur l'ancien golf et le parc du Rhône, ont partagé leur colère au Journal, mais tous ont souhaité préservé l'anonymat par crainte de représailles des promoteurs. Alors que certains ont évoqué une «catastrophe écologique», d'autres ont remis en doute la «transparence» de l'administration municipale.

En séance du conseil le 20 septembre, le maire Frédéric Galantai a affirmé «qu'il n'avait pas besoin de rappeler sa position quant à ce projet», en référence au fait qu'il s'y est opposé avant d'être élu en novembre 2021. Rappelons que l'ancien golf de La Prairie a été désigné comme une aire TOD de développement résidentiel par la Communauté métropolitaine de Montréal en vertu de son Plan métropolitain d’aménagement et de développement en 2012. Sa proximité avec le terminus d'autobus explique qu'il ait été ciblé.  

«Tout le monde est d'accord que cette situation est inacceptable, a-t-il dit. Le ministère de l'Environnement du Canada, qui s'intéresse au dossier, aura notre pleine collaboration.»

De leur côté, les citoyens s'inquiètent des répercussions sur la faune qui fréquente le terrain, ainsi que la végétation existante. 

«Même si le promoteur replante des arbres, ça prendra plus de 50 ans avant que ces derniers soient aussi matures que ceux qui ont été coupés, fait valoir une résidente qui habite la rue François-Leber depuis plus de 20 ans. Je comprends qu'il est question de frênes malades, mais j'ai vu un saule et d'autres en parfaite santé être coupés.»

Moratoire et inondations

La Ville de La Prairie a imposé un moratoire sur les nouvelles constructions, en février. Ce, afin de ne pas surcharger le réseau d'égoûts déjà fort sollicité. Mais selon les résidents de la rue François-Leber, le mal est déjà fait. 

«Depuis le début des travaux sur le golf cet été, j'ai été inondée à deux reprises, dont le 13 septembre dernier», fait savoir une citoyenne. Le terrain agissait comme un bassin de rétention des eaux de pluie. 

Les pompiers ont dû répondre à plus de 70 appels à La Prairie pour venir en aide à des résidents inondés.